L’urgence de bâtir notre capital humain : Éduquer une Afrique adaptée au 21ème siècle – IAB SÉNÉGAL

En prélude à la conférence continentale organisée par l’Union africaine et l’UNICEF, à laquelle j’ai eu l’honneur d’être conviée, un événement marquant m’a plongée dans une profonde réflexion. Cet épisode n’a fait que renforcer le combat que nous menons à l’IAB et chez Boyam.
Ce matin-là, au démarrage des activités, je fus conduite par le propriétaire de l’hôtel dans lequel je séjournais, un homme asiatique fort discret. En l’absence de la navette de l’organisation, il m’offrit ce service. Bien que peu loquace au début du trajet, il engagea subitement le dialogue. Il m’expliqua que la Mauritanie regorgeait de richesses naturelles — or, fer, cuivre — mais que ces ressources restaient sous-exploitées faute de main-d’œuvre qualifiée et d’infrastructures adéquates. Cette réalité n’est malheureusement pas unique à ce pays. Elle est un reflet des défis auxquels sont confrontés bon nombre d’États africains.
Depuis nos indépendances, acquises dans les années 60, que s’est-il passé ? Nos États sont-ils condamnés à perpétuer ces cycles d’inégalités ? Ces interrogations ne cessèrent de m’habiter jusqu’à mon entrée dans la salle de conférence, où je rejoignis les membres de l’Union africaine pour cet événement crucial tenu à Nouakchott du 9 au 11 novembre 2024.
La situation de notre éducation
Tel un baobab desséché, l’éducation en Afrique se tient debout avec peine, incapable d’offrir un soutien à sa société. Ce constat alarmant m’a frappée en constatant la faible représentativité des acteurs de la société civile, des communautés et du secteur privé à cette conférence.
Comment prendre des décisions structurelles sans inclure les parties prenantes de base ? Le problème est clair : nous continuons de reproduire des modèles hiérarchiques où tout est décidé d’en haut. Il est pourtant primordial de considérer la base — les racines — pour espérer un avenir durable et équitable.
Quelques chiffres alarmants :
- 60 % des enfants non scolarisés dans le monde sont africains, alors que l’Afrique ne représente qu’un quart des enfants scolarisables.
- Dans le Sahel, le taux d’enfants non scolarisés est trois fois supérieur à celui du reste du monde.
- 90 % des enfants vivant dans des pays instables ne parviennent pas à lire.
Ces statistiques, issues de l’UNICEF, mettent en évidence l’urgence d’investir dans l’éducation à un niveau proportionnel à la croissance de notre population.
Des solutions audacieuses pour une Éducation inclusive
Chère Union africaine, chers dirigeants, chers compatriotes :
Savez-vous que l’éducation peut augmenter l’économie d’un pays de 30 % ? Savez-vous que les métiers de la petite enfance représentent une niche d’emplois stratégiques pour réduire le chômage ?
Il est temps d’agir :
- Imaginer une Afrique forte de ses enfants : Chaque enfant accède à une éducation inclusive et sans inégalités.
- Développer des environnements d’apprentissage : Créons des structures accessibles et un accompagnement psychosocial adapté.
- Soutenir nos agriculteurs : Favorisons les cantines scolaires basées sur des produits locaux pour dynamiser l’économie agricole.
- Investir dans les métiers de la petite enfance : Formons et valorisons ces professions tout en leur garantissant un statut social digne.
Une mutation en marche
Chaque enfant africain doit pouvoir rêver sans limites et s’épanouir sans barrières. En ce sens, l’objectif 2 de cette conférence — identifier les opportunités de collaboration pour accélérer l’atteinte de l’ODD4 — doit être le socle d’actions concrètes et immédiates.
Espérons que la Déclaration de Nouakchott ne restera pas une lettre morte. Engageons des synergies durables, à l’image du président de l’Algérie qui acte des décisions concrètes lors de ses discours.
Je suis entrepreneure sociale et actrice de développement. Ensemble, repensons la petite enfance au Sénégal et professionnalisons ce secteur. La mutation est en marche.




















